Ressources pédagogiques de la filière semences
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Le colza : une espèce majeure en France

Totalisant à peine 100 000 ha en 1960, le colza est aujourd’hui une culture majeure en France, avec des surfaces en hausse depuis une vingtaine d’années. Les surfaces en colza d’hiver atteignent désormais 1,34 million d’hectares en 2023. Le rendement moyen s’élève à 36,8 q/ha en 2023 mais frôle certaines années les 40 q/ha.

L’intérêt nutritionnel de l’huile de colza est lié à sa faible teneur en acides gras saturés et à sa richesse en acides gras insaturés : omégas 3, 6 et 9. L’extraction de l’huile fournit un sous-produit riche en protéines, le tourteau, utilisé en alimentation animale.

Ressource renouvelable, le colza sert de matière première à l’élaboration des biocarburants, biolubrifiants et solvants. Plus de la moitié de la production française d’huile de colza est aujourd’hui transformée en biodiesel. Ses intérêts agronomiques en font aussi une culture phare pour diversifier les rotations.

Les informations rassemblées ici constituent une source sans égal pour tous ceux qui souhaitent apprendre et communiquer sur le colza et ses utilisations. Elles sont régulièrement mises à jour par Terres Univia (l’interprofession des huiles et protéines végétales), Terres Inovia (l’institut technique de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre) et par la Fop (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux), structures regroupées sous la marque collective Terres OléoPro.

ORIGINE ET PHYSIOLOGIE

Une culture de colza en pleine floraison - © Bernadette Piton

Une culture de colza en pleine floraison – © SEMAE / Bernadette Piton

Le colza Brassica napus var.napus est issu du croisement naturel entre un chou (Brassica oleracea L.) et une navette (Brassica rapa L.) dont l’origine se situe vraisemblablement sur le pourtour du bassin méditerranéen.

 

 

 

 

Le colza oléagineux est mentionné dans des textes sanskrits datant de 2000 à 1500 ans avant Jésus-Christ et dans des écrits grecs, romains et chinois remontant aux années 500 à 200 avant notre ère. Dès l’Antiquité, le colza et la navette sont cultivés en Chine et utilisés comme huiles comestibles. La culture du colza et sa commercialisation se développent aux Pays-Bas à partir du XVIe siècle.

À cette époque, l’huile de colza  sert principalement de combustible à lampes puis de lubrifiant des moteurs à vapeur. Il faut attendre le XVIIIe siècle et l’amélioration des techniques de transformation pour que son huile soit utilisée en Europe en alimentation humaine.  C’est de 1750 à 1850 que la production d’huile de colza décolle dans le nord de la France et notamment dans les Flandres. Au début des années 40, le colza se développe au Canada en raison du blocus de la seconde guerre mondiale. Il est alors cultivé pour fournir des lubrifiants de qualité pour les moteurs des navires militaires et marchands.

Pour répondre à des exigences nutritionnelles en alimentation humaine, la sélection variétale a créé des variétés sans acide érucique (dites « zéro » et notées « 0 »), la toxicité de cet acide ayant été suspectée à la fin des années 1960. Par la suite, des variétés à faible teneur en glucosinolates sont apparues (dites « double zéro » et notées « 00 »). Ce composé soufré était responsable de troubles physiologiques et d’inappétence chez les animaux. L’appellation canola correspond à des plantes de colza, navette et moutarde orientale sélectionnées au Canada et répondant à un cahier des charges similaire (un peu plus strict sur les glucosinolates). Le canola est souvent assimilé au colza de printemps.

CARACTÉRISTIQUES DE LA PLANTE

Le colza est une plante de la famille des brassicacées – © SEMAE

 

Le colza appartient à la classe des dicotylédones et à la famille des brassicacées, anciennement appelées crucifères.

Il est cultivé pour sa graine riche en huile et son tourteau riche en protéines. Très bonne tête d’assolement, le colza rompt le cycle des mauvaises herbes et des maladies des céréales dans la rotation et il améliore le rendement de la culture suivante. Son système racinaire pivotant bonifie la structure des sols et absorbe de grandes quantités d’azote.

Sa tolérance au stress hydrique et thermique, sa capacité de ramification et son cycle de culture long (9 à 11 mois), lui procurent un fort pouvoir de récupération en cas d’accidents climatiques ou parasitaires et assurent une couverture du sol précoce et longue. Plante herbacée annuelle pouvant mesurer deux mètres, le colza restitue après récolte de 10 à 12 tonnes de matière sèche par hectare et laisse un sol propre. Il est cultivable dans tous les types de sol.

FLEURS ET REPRODUCTION

Le colza est une plante mellifère très appréciée des abeilles – © SEMAE

Le colza est une plante mellifère très appréciée des abeilles – © SEMAE

Un mode de reproduction semi autogame

Les ovules sont en majorité fertilisés par autopollinisation. Le taux d’allofécondation estimé varie de 10 à 30% selon les variétés et les conditions de milieu (climat, insectes). La production massive de nectar et de pollen au printemps attire de nombreux insectes dont des pollinisateurs essentiels que sont les abeilles domestiques et sauvages. Les études scientifiques évaluent la contribution des insectes à la production de graines de colza entre 0 et 30 % et celle du vent de 3 à 12 %. Lorsque les plantes sont proches les unes des autres, la pollinisation croisée peut également résulter du contact direct entre les grappes de fleurs.

Les fleurs sont regroupées en grappe – © Elsemargriet

Les fleurs sont regroupées en grappe – © Pixabay / Elsemargriet

 

Des inflorescences en grappes simples à croissance indéfinie

Les boutons floraux pédonculés situés à la base des inflorescences s’épanouissent en premier, suivis des boutons supérieurs. Les fleurs sont régulières et composées d’un calice à quatre sépales libres et d’une corolle composée de quatre pétales libres, disposés en croix d’où le nom de crucifère. Selon les variétés, elles sont d’un jaune plus ou moins intense.

Les quatre pétales disposés en croix ont donné le nom de la famille des Crucifères – © Perezvocking

Les quatre pétales disposés en croix ont donné le nom de la famille des Crucifères – © Pixabay / Perezvocking

Les quatre nectaires de chaque fleur sécrètent 0,2 à 2 mg par jour de nectar contenant de 40 à 60 % de sucres. Cette remarquable production associée à une floraison de longue durée (4 à 6 semaines) et à l’étendue des surfaces cultivées font du colza une plante nectarifère et pollinifère de première importance.

La maturité des graines est acquise en six à sept semaines après la fécondation. En fin de cycle, les génotypes de colza sont plus ou moins sensibles à l’égrenage. Le moindre choc entraîne alors la déhiscence des siliques et la chute des grains.