Améliorer ou rénover ?
LES ÉLÉMENTS DE DÉCISION
La fiche de diagnostic permet de disposer d’une vue globale sur tous les critères permettant de porter un diagnostic : c’est-à-dire définir la situation exacte de la prairie par rapport aux souhaits de l’éleveur et aux nécessités de l’élevage pratiqué.
Les renseignements qu’elle comporte vont apporter des éléments aux deux principales questions qui se posent à l’éleveur : faut il rénover ou simplement améliorer la prairie ? Répondre à ces questions revient à faire la préconisation attendue par l’agriculteur, ce qui nécessite de bien interpréter les critères et de bien connaitre les méthodes d’amélioration et de rénovation.
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La qualité de la flore : une première indication sur la possibilité d’améliorer ou la nécessité de rénover
La flore est un indicateur important de l’état de la parcelle. Le tableau floristique ci-dessous permet de faire un premier classement de la prairie et d’envisager le type d’amélioration à pratiquer.
Le pourcentage de bonnes graminées et légumineuses est la fréquence calculée à partir de la grille de la fiche diagnostic à partir des présences dans les échantillons (en motte ou en poignée).
(1) Prairie de bonne qualité | Conserver une bonne cohérence chargement-fertilisation. |
(2) Flore correcte | Un désherbage sélectif est envisageable. Conserver une bonne cohérence. |
(3) Bon fond prairial à améliorer par une meilleure exploitation et une adaptation de la fertilisation | Pratiquer l’alternance fauche/pâture. Assurer la cohérence fertilisation-chargement. En cas de fauche exclusive, raisonner la fertilisation. |
(4) Fond prairial très moyen mais ne nécessitant pas de ressemis | Améliorer l’exploitation par l’alternance fauche/pâture et l’adaptation du chargement. Raisonner la fertilisation et pratiquer éventuellement un désherbage sélectif. Le semis ne sera conseillé que dans le cas où la flore ne correspond pas aux besoins de l’agriculteur ou bien s’il souhaite une amélioration très rapide. |
(5) Fond prairial très moyen aggravé par la présence de nombreuses plantes indésirables | Pratiquer un désherbage sélectif. Puis mêmes conseils qu’en 4. |
(6) Fond prairial médiocre | Le ressemis est conseillé s’il y a possibilité d’intervention facile : labour ou travail superficiel en cas d’impossibilité de labour. Revoir la fertilisation et le chargement pour la nouvelle prairie. Le sursemis peut également être envisagé. |
(7) Fond prairial mauvais | Seul le ressemis est envisageable. S’assurer que les conditions sont possibles. Examiner pour la nouvelle prairie la fertilisation ainsi que le chargement. |
CHOISIR ENTRE AMÉLIORATION ET RÉNOVATION
Après la première analyse de la flore, trois situations peuvent se présenter :
1. L’amélioration de la prairie n’est pas nécessaire. (cas 1 ci-dessus)
2. La qualité de la prairie est moyenne, on peut l’améliorer facilement par désherbage sélectif, la fertilisation et le mode d’exploitation. Dans ce cas il n’est pas nécessaire d’aller plus loin. (cas 2 et 3 ci-dessus)
3. La qualité est de qualité très moyenne à mauvaise (cas 4, 5, 6, 7 ci-dessus), le choix de l’amélioration ou de la rénovation doit alors absolument se raisonner en fonction :
a. des objectifs de l’éleveur : désire-t-il un résultat rapide, une présence de légumineuses, préserver le sol, réduire le temps de travail.
b. Du mode d’exploitation de la prairie : fertilisation chimique, niveaux d’intensification, mode d’exploitation adapté ou non, de la productivité de la prairie.
c. Des contraintes techniques de réalisation de telle ou telle amélioration : portance du sol, pente, cailloux, accessibilité, teneur en argile.
Amélioration ou rénovation : quelle différence ?
On parlera d’amélioration s’il s’agit de remettre à niveau la production de la parcelle par des techniques simples et une exploitation adaptée. La modification de la flore ne se fera que progressivement sur plusieurs années.
On parlera de sursemis lorsqu’un semis sera effectué sur une prairie en place, sans destruction de la flore initiale. Dans ce cas, la production de la prairie ne sera pas ou peu interrompue.
On parlera de rénovation lorsqu’un semis est nécessaire pour remplacer totalement et rapidement une végétation où les espèces moyennes ou médiocres prédominent. Dans ce cas il sera nécessaire d’interrompre momentanément la production en détruisant la prairie pour repartir sur un sol propre.
LES DIFFÉRENTS TYPES DE RÉNOVATION
Que l’on soit en rénovation totale ou en sursemis, 5 points sont essentiels pour réussir l’implantation.
Le choix de la date d’implantation
Le choix doit se faire en fonction de la zone géographique et de la vitesse d’implantation de l’espèce, en semis de printemps ou en semis de fin d’été.
La préparation du sol
Semer sur une surface plane, sur une terre meuble et affinée en surface, tassée en profondeur, en ayant évité de perturber le sol (par un labour profond par exemple).
La profondeur du semis
Il est essentiel de semer à une profondeur régulière, idéal : 1 cm pour toutes les espèces, puis de rouler pour optimiser le contact terre/graine.
Le choix des espèces
Il faut bien sur que les espèces semées soient adaptées au type de sol, à l’objectif d’exploitation et que la fertilisation permettre aux espèces sélectionnées d’exprimer leur potentiel.
La densité et la répartition des graines
En cas d’espèces mélangées, il faut s’assurer que le mélange des semences soit homogène. Puis la densité doit être d’environ 1000 graines par m². La disposition idéale est dispersée, plutôt qu’en ligne.
CAS PARTICULIER DU SURSEMIS
On peut résumer en 10 points les recommandations essentielles pour réussir le sursemis.
- Faire le diagnostic de prairie afin de comprendre la situation et éliminer l’éventuelle cause de dégradation.
- Intervenir sur une végétation rase.
- Ouvrir le sol avec un outil à disques ou à dents.
- Loger la semence à 1 cm dans le minéral.
- Rouler avec un rouleau compartimenté.
- Surveiller la repousse de l’ancienne flore afin qu’elle n’étouffe pas les jeunes plantules, faire pâturer ou broyer si nécessaire.
- Ne pas amener d’azote 3 mois avant de faire le sursemis pour ne pas favoriser l’ancienne flore.
- Trois périodes sont envisageables : au réveil de la végétation (mars), derrière un ensilage (mai) ou au mois d’août, pas plu tard afin que les jeunes plantes soient bien développées avant l’hiver.
- Choisir des espèces rapides d’installation : ray-grass anglais et trèfle blanc pour le pâturage, ray-grass hybride et trèfle violet pour la fauche.
- Attention, la présence importante d’agrostide stolonifère en fin d’été peut induire un échec de germination par la présence de substances allélopathiques que cette graminée libère dans le sol.