L'accès aux ressources génétiques
La biodiversité cultivée nous accompagne au quotidien dans notre alimentation, nos besoins quotidiens (vêtement, santé, matériaux…) et notre cadre de vie par les plantes d’agrément de nos intérieurs et de nos jardins. Elle est issue d’un long travail de domestication et de sélection par l’Homme pour l’adapter à ses besoins : résistance aux maladies, rendement, qualité gustative, vertu médicinale, esthétique, qualité tinctoriale, artisanat…
Les premiers cultivateurs ont sélectionné les graines des plantes qui répondaient le mieux à leurs besoins et les ont ressemées l’année suivante. Cette méthode dite « sélection massale » a permis la domestication puis l’amélioration des espèces végétales consommées par l’Homme.
Un progrès génétique est apparu dès le début de la sélection et, bien avant de connaître les lois de transmission des caractères héréditaires (lois de Mendel établies vers 1860), la sélection variétale est devenue un véritable métier : les frères Vilmorin ouvrent leur première boutique à Paris, quai de la Mégisserie, en 1742.
Avec les avancées de la génétique et les découvertes en physiologie végétale durant la deuxième moitié du XXème siècle, les sélectionneurs ont aujourd’hui accès à des outils et des méthodes plus performants qui ont permis de réaliser de véritables bonds en terme de progrès génétique.
DES CENTRES DE RESSOURCES BIOLOGIQUES POUR PRÉSERVER LES RESSOURCES GÉNÉTIQUES VÉGÉTALES
Les ressources génétiques étudiées et préservées par l’INRAE, le CIRAD et l’IRD principalement rassemblent les espèces, variétés, souches issues des actions de l’Homme dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, ainsi que des ressources isolées dans l’environnement.
Elles sont aussi le reflet de l’histoire de l’agriculture. Elles illustrent les différentes valeurs que l’on peut attribuer à la biodiversité, aussi bien en termes de recherche ou de sélection qu’en intérêt patrimonial ou historique. Les collections rassemblent des populations issues de la domestication et leurs apparentées sauvages.
Elles sont regroupées à travers des Centres de Ressources Biologiques (CRB), dont les missions sont les suivantes :
- assurer l’acquisition et la conservation conforme et pérenne du matériel biologique dont ils ont la charge ;
- assurer la traçabilité de ce matériel biologique, ce qui revient à pouvoir en connaître l’identité de manière certaine à toutes les étapes des processus de conservation, de multiplication, de distribution, etc ;
- caractériser le matériel biologique détenu et mettre à disposition l’information sur celui-ci ;
- proposer la diffusion de ce matériel biologique.
Ces actions sont développées en cohérence avec la stratégie nationale pour la biodiversité pilotée par le ministère en charge de l’Écologie, et avec la politique nationale pilotée par le ministère chargé de l’Agriculture pour les ressources génétiques. Les recherches sur la caractérisation et la gestion des ressources génétiques s’inscrivent dans la stratégie nationale portée par le ministère chargé de la recherche, elles sont menées en relation avec l’ensemble des organismes de recherche concernés, membres de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).
Pour les plantes cultivées, la priorité a été donnée à des collections d’espèces modèles (Arabidopsis thaliana et Medicago truncatula) ainsi qu’à plusieurs collections de plantes cultivées d’importance majeure pour lesquelles l’INRAE assure la coordination de projets de recherche et la plupart du temps aussi celle des réseaux avec les sélectionneurs privés, les associations… à l’échelle nationale, européenne, voire internationale. C’est le cas notamment pour les espèces de céréales à paille, vigne, agrumes, solanacées et légumineuses à graines.
Récemment, l’INRAE s’est associé au CIRAD, à l’IRD, à Montpellier SupAgro et à la Région Languedoc-Roussillon pour soutenir l’émergence d’un pôle national sur les ressources génétiques végétales à Montpellier.
Siregal, le Système d’Information sur les Ressources Génétiques Végétales de l’INRAE
Florilège, le point focal d’entrée vers les ressources biologiques des plantes pour l’agriculture
Au niveau international, on peut citer le CIMMYT (Centre international pour l’amélioration du blé et du maïs), basé à Mexico, qui maintient une grande collection dans le but de développer des variétés adaptées aux pays en développement ou encore l’ICARDA (Centre international pour la recherche agronomique dans les zones arides) qui poursuit le même objectif pour l’orge. Ils travaillent notamment sur la résistance aux maladies pour obtenir des variétés cultivables avec peu d’intrants. Les sélectionneurs occidentaux peuvent avoir accès à ces ressources qu’ils doivent bien entendu adapter à nos climats, à nos besoins et à nos habitudes culturales.
LA STRATÉGIE FRANÇAISE DEPUIS 2016
27 réseaux de partenariat public-privé de conservation ex situ (en dehors du milieu naturel) issus de la coordination du Bureau des ressources génétiques (BRG), et plus de 120 acteurs principaux recensés en conservation in situ (dans le milieu naturel) et/ou ex situ ont été dénombrés dans l’état des lieux réalisé en 2015 par la France. Loin d’être opposées, ces approches complémentaires de la conservation des RPG gagneraient à être plus interconnectées.
Depuis 2016, la France a entrepris une réorganisation de la gestion de ses ressources génétiques, afin d’améliorer la conservation des espèces cultivées.
La collection nationale est composée des collections mises à disposition de l’Etat par les organismes publics ou privés auxquels elles appartiennent (Loi 2010-874) afin de permettre à la France de respecter ses engagements internationaux en donnant accès à des ressources génétiques et en contribuant à la mise en œuvre du Traité International pour les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture (TIRPAA).
L’objectif de cette collection est de conserver les ressources phytogénétiques dans l’intérêt général en vue de leur utilisation durable, en particulier pour la recherche scientifique, l’innovation et la sélection variétale appliquée, en tant qu’élément du patrimoine agricole et alimentaire national vivant, dans le but d’éviter la perte irréversible de ressources phytogénétiques stratégiques.
La conservation des ressources patrimoniales doit être organisée dans l’intérêt général et dans des conditions de nature à faciliter l’accès des citoyens, de toute personne physique ou morale et de la communauté internationale à des échantillons de ces ressources compte-tenu de leur intérêt global pour l’agriculture et l’alimentation.
Les ressources composant la collection nationale sont versées au système multilatéral du TIRPAA de la FAO et sont accessibles par la signature d’un accord type de transfert de matériel établi dans le cadre du Traité.