Ressources pédagogiques de la filière semences
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La culture du sorgho

PRÉPARATION DU SOL ET SEMIS DU SORGHO

Agriculteur observant la finesse de la préparation du sol – © Sébastien Champion

Comme la graine de sorgho est de petite taille, il convient de bien préparer la terre, pour garantir le meilleur contact sol-graine, et assurer une levée rapide et régulière. On veillera aussi à semer sur un sol propre, indemne de jeunes adventices qui pourraient entrer en concurrence avec la culture. A surveiller surtout l’invasion de panic faux-millet et de sorgho d’Alep, pour lesquels il n’existe pas de solutions efficaces de lutte chimique. Un désherbage mécanique, comme un passage de herse étrille, peut s’avérer utile, à condition qu’il soit effectué dans les 48 heures après le semis.

La plante de sorgho n’est pas très gourmande en engrais, car elle a des racines très longues et elle va chercher très profond dans la terre de quoi se nourrir. Néanmoins, comme en maïs, l’apport d’un engrais starter au semis peut favoriser la vigueur et booster la levée.

On veillera à semer dans un sol suffisamment humide, et selon ce critère, dans un sillon profond de 2 à 4 cm. Quelles que soient les conditions d’implantation, le taux de perte à la levée doit être pris en compte, environ 15 à 20 %.

S’agissant du sorgho grain, la date de semis du sorgho se détermine par trois paramètres : une température du sol au semis supérieure à 12°C, un stade de floraison idéal dans la seconde quinzaine de juillet et une date de récolte avant mi-octobre. Afin de répondre à cette triple exigence, la période optimale de semis débute au plus tôt à partir du 15-20 avril, dans les régions le plus au Sud, pour se poursuivre au cours de la première quinzaine de mai.

La densité de semis dépend de plusieurs facteurs. Plus une variété est précoce, plus son indice foliaire et le nombre de grains sur la panicule est faible. Par conséquent, les variétés précoces nécessitent des densités élevées.

La densité de semis doit également être adaptée à la réserve utile du sol pour limiter la concurrence entre les plantes. En conditions séchantes, les peuplements trop élevés favorisent une forte production de biomasse qui accentue la concurrence entre les plantes et accélère l’épuisement de la réserve en eau. En cas de stress hydrique précoce, les difficultés d’épiaison sont accentuées.

En situation irriguée ou dans les milieux à forte réserve en eau, la densité de peuplement est valorisée. Des peuplements plus élevés permettent de maximiser le rendement.

Concernant le matériel, l’utilisation d’un semoir monograine est à privilégier pour maîtriser au mieux la densité de semis.

Le tableau ci-après (pour le sorgho grain) résume les objectifs de densité de semis à respecter selon les conditions hydriques, les types de sol rencontrés et le choix de la variété semée.

SUIVI DE LA CULTURE DU SORGHO

Champ de sorgho – © SEMAE / Emeline Teissier

La culture du sorgho est facile. Le seul point sur lequel il faut rester vigilant est la maîtrise des mauvaises herbes en tout début de cycle. Attention notamment à la concurrence qui peut s’exercer entre le sorgho et les graminées estivales. Le désherbage au stade post semis-prélevée peut s’avérer indispensable. Une application à ne pas retarder, car il est important d’intervenir sur des graminées ou des dicotylédones classiques en cours de levée et ne dépassant pas le stade 2-3 feuilles. Les herbicides à pénétration racinaire auront une meilleure efficacité si l’humidité superficielle du sol est suffisante au moment du traitement et dans les jours qui suivent. Sinon, un désherbage mécanique peut être réalisé quelques jours après le semis. Ensuite, quand le sorgho a atteint le stade 8-10 feuilles, il lui est plus facile de priver de lumière les adventices qui se trouvent dessous.

Une des particularités du sorgho est son faible besoin en eau. Grâce à son système racinaire très dense et très profond (jusqu’à 2 mètres), il est capable d’extraire et d’utiliser avec plus d’efficience l’eau qui se ferait rare en plein été. Ses besoins totaux sont de l’ordre de 400 à 500 mm. Sauf exceptions, l’irrigation n’est pas nécessaire. En cas de besoin spécifique, si l’été est vraiment trop aride et le sol peu profond, un apport en eau entre le stade gonflement et épiaison pourra être valorisé.

Le sorgho est peu exposé aux maladies et ravageurs. Le plus souvent, la pression reste faible et si la culture est bien menée, les ravageurs ne causeront pas de dégâts majeurs.

Pour éviter les maladies fongiques lors de la germination ou la levée, par exemple le pythium ou le rhizoctone, on choisira des semences certifiées, qui ont déjà reçu un traitement fongicide. En végétation, on sera attentif aux attaques de champignons de type Fusarium ou Macrophomina. Ils apparaissent plutôt en seconde partie de cycle et ils peuvent provoquer une pourriture du collet et du bas de tige. Le dessèchement des plantes et des problèmes de verse en fin de cycle sont alors à craindre. Pour éviter ces accidents, il faut prévenir les stress climatiques (forte chaleur, sécheresse) au cours du remplissage des grains. Soit en ayant pris le soin de diminuer la densité de semis, soit en faisant un apport d’eau au moment du remplissage des grains. Contre la fusariose, le choix de variétés à bon comportement est fortement recommandé.

Parmi les ravageurs, on surveillera les taupins. Si besoin, dans les parcelles à risque, on pourra prévoir un insecticide micro-granulé. Autres parasites éventuels du sorgho : la pyrale, la sésamie ou encore les cicadelles. Des symptômes peuvent être observés, mais le préjudice sur le rendement reste généralement très limité.

RÉCOLTE, SÉCHAGE ET CONSERVATION DU SORGHO

Récolte d’un champ de sorgho – © SEMAE / Paul Dutronc

Selon la précocité des variétés, selon le climat, la récolte des grains de sorgho a lieu 110 à 140 jours après le semis. Le stade maturité physiologique est atteint quand la teneur en eau du grain se situe à environ 35 %, mais il convient d’attendre la dessiccation plus complète, généralement entre 16 et 22 % d’humidité, pour récolter dans de bonnes conditions. Aucun matériel spécifique n’est nécessaire, la moissonneuse-batteuse convient. La vitesse de battage sera adaptée selon le taux d’humidité du grain.

Les rendements du sorgho grain sont variables d’une parcelle à l’autre, d’une région à l’autre, la culture n’étant pas menée de manière aussi intensive. En moyenne, ils se situent entre 70 et 80 q/ha, mais peuvent dépasser les 100 q/ha.

Bon à savoir : la date optimale de récolte sera déterminée par la maturité du grain. Il se peut que le feuillage soit encore vert. Il ne faut donc pas attendre le dessèchement du végétal pour récolter. En retardant, on pourrait être confronté à la verse. Plus embêtant, en octobre, les risques de réhumidification augmentent et la qualité du grain pourrait être altérée par une trop forte humidité ambiante. Attention de ne pas ramasser trop de tiges et de feuilles, car cela peut provoquer une augmentation du taux d’humidité du grain.

Après la récolte, les grains doivent être séchés rapidement pour éviter que leur qualité ne s’altère. Si l’humidité est trop élevée, ils vont chauffer et des moisissures pourraient se développer.

Les techniques de séchage dépendent du taux d’humidité à la récolte. En fonction de ce taux, les grains vont être soit ventilés, soit séchés, pour être ramenés le plus rapidement possible à 15 % d’humidité. Dans le séchoir, la température d’air chaud ne doit pas dépasser 90 °C. Le grain sera refroidi aussitôt sa sortie du séchoir.