Ressources pédagogiques de la filière semences
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L'importance économique du sorgho

LES PRODUCTIONS FRANÇAISE ET EUROPÉENNE

Les agriculteurs européens sont de plus en plus nombreux à cultiver le sorgho. Est-ce l’effet du réchauffement climatique ? En partie, car cette espèce a effectivement l’avantage de bien résister à ces épisodes de chaleur et sécheresse connus au cours des derniers étés. Un coup de pouce a été donné aussi par la sélection. Les nouvelles variétés, issues de la recherche européenne, sont bien adaptées à notre climat et se révèlent beaucoup plus productives que les premiers cultivars introduits.

Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, les surfaces cultivées en sorgho grain en Europe atteignent 375.000 ha en 2020, soit +69.000 ha par rapport à 2019. En sorgho fourrager, le total est de 209.000 ha, soit +25.000 ha par rapport à l’année précédente. Dans l’UE à 28, la hausse moyenne est de 10%, avec des variations selon les pays : +85% en Autriche, +50% en Hongrie, +21% en France, +10% en Espagne et en Italie.

C’est une tendance de fond qui se dessine en Europe, le sorgho a le vent en poupe. En France et en Italie, producteurs historiques de l’Union européenne, la hausse est significative. Un autre signe ne trompe pas. En Espagne, où l’on produit peu de sorgho, les importations ont beaucoup augmenté l’an dernier. Car les éleveurs ont compris les avantages de cet aliment. Il convient notamment aux besoins de la filière porcine, en fort développement en Espagne.

En France, selon les dernières estimations du ministère de l’Agriculture, près de 90.000 ha de sorgho grain ont été semés au printemps 2020, soit une progression de plus de 20% par rapport à la précédente campagne. Cet engouement s’explique par la volonté de diversifier les espèces et par la nécessité de s’adapter aux conditions climatiques de plus en plus chaudes et sèches. Nombreuses sont les régions françaises où le maïs cultivé en sec n’a pas donné les résultats escomptés et où le sorgho est capable de mieux résister.

Les régions qui cultivent le plus de sorgho restent l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine. Et les départements en tête sont la Haute-Garonne, le Gers, le Tarn-et-Garonne et le Tarn. Peut-on s’attendre à une progression vers le Nord ? En 2019 et 2020, c’est dans le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire que les surfaces ont le plus progressé. Ces territoires profitent des nouvelles variétés de sorgho très précoces, plus résistantes au froid et à cycle court. Une avancée est aussi observée en Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne, dans le cadre de la diversification des rotations.

Ces chiffres témoignent de la dynamique initiée autour du sorgho. En novembre 2016, s’est tenu à Bucarest le premier Congrès européen du sorgho. Un an après, débutait une campagne de promotion financée par la Commission européenne pour développer la production. Dans le même temps, une interprofession était mise en place, Sorghum ID, pour fédérer les semenciers, agriculteurs, transformateurs. La naissance de cette interprofession a marqué une étape importante dans l’action d’envergure initiée par la FNPSMS (interprofession des semences de maïs et sorgho) pour augmenter la production et développer la génétique hybride à l’échelle de l’Europe (voir le chapitre suivant).

LE COMMERCE MONDIAL

Malgré le rebond des surfaces de sorgho au cours des dernières années, l’Union européenne ne produit qu’un million de tonnes par an. C’est peu comparé aux quelque 60 millions de tonnes récoltées sur la planète.

Le premier producteur mondial est l’Afrique, en particulier le Nigeria et le Soudan. Dans ces pays, la quasi-totalité de la production est autoconsommée, c’est un aliment de base pour les populations africaines. Sur ces quelque 30 millions d’hectares cultivés, les rendements sont généralement très faibles : seulement 10 q/ha de moyenne ! Les agriculteurs n’ont à leur disposition que des variétés issues de populations locales, non hybrides et peu productives.

Suivent les États-Unis, la Chine, l’Argentine, l’Australie… La production mondiale est restée stable en 2019. En revanche, la demande a été très soutenue. Cette hausse s’explique d’une part par l’augmentation de la consommation de sorgho en alimentation humaine et par le boom des usages industriels, à commencer par l’éthanol aux Etats-Unis. Les utilisations en alimentation animale restent à un bon niveau.

Le principal exportateur de sorgho reste les États-Unis, loin devant l’Argentine et l’Australie, avec pour premier acheteur, la Chine. La bataille commerciale que se livrent ces deux pays a modifié un peu la donne. Les États-Unis se tournent vers le marché européen, tandis que la Chine augmente ses importations en provenance d’Amérique du Sud ou de Russie.

Parmi les importateurs, on relève le Mexique, le Japon et l’Union européenne. Dans l’UE, l’Espagne est le premier pays consommateur et importateur de sorgho, devant l’Italie et les pays du Benelux.