Ressources pédagogiques de la filière semences
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Cultures et semences potagères : une agriculture diversifiée

Régulièrement, les enquêtes réalisées auprès des Français montrent leur attachement profond à l’agriculture. Parallèlement, ils expriment des attentes élevées. L’opinion publique demande aux agriculteurs la garantie d’une alimentation de qualité, de contribuer à la gestion et à la protection de l’espace rural et des ressources naturelles, et de participer à une occupation équilibrée du territoire.

En 2020, le débat public sur l’avenir de la Politique agricole confirme l’aspiration des français à des exploitations de taille « raisonnable », indépendantes, non productivistes et vertueuses pour l’environnement et le climat.

LES BASSINS DE PRODUCTION POUR LES LÉGUMES

Le développement des ceintures maraîchères à proximité des villes

En France, les premiers centres urbains se sont édifiés au bord des fleuves et des rivières. En effet, l’accès à l’eau est vital pour les habitants et les cours d’eau représentent d’importantes voies de communication. Les villes sont donc situées dans des vallées ou des plaines fertiles et favorables aux cultures. Des ceintures maraîchères de proximité ont donc assuré un approvisionnement local des populations urbaines situées le long des voies fluviales.

Au début du 20e siècle, des cultures plus intensives se sont développées dans les zones les plus favorables par leurs sols et climats : marais de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais (choux fleurs, légumes d’hiver), haute vallée de la Seine (asperges, légumes « verts »), Orléanais et Sologne (asperges, fraises, concombres), bassin de St Malo (choux fleurs, pommes de terre), bassin Nantais (carottes, mâches, poireaux…), Provence et la région d’Hyères (légumes méditerranéens).

Des zones spécialisées pour certains légumes et pour l’agro-alimentaire

A partir de 1950, émergent d’autres zones spécialisées : en Normandie (carottes, navets, poireaux et légumes d’hiver), en Bretagne dans la Ceinture Dorée du Pays de Léon autour de Roscoff et Plougastel (artichauts, oignons roses, échalotes, choux fleurs, tomates, pommes de terre, fraises…), en Limagne (ail et échalotes), dans le Sud-Ouest (tomates, haricots, fraises, melons), en Camargue (tomates) et autour de Perpignan (laitues, chicorées).

Plus récemment, sont apparues des cultures mécanisées : le melon en Charente, la carotte dans les Landes, l’oignon dans la Beauce.

Des légumes pour l’industrie agroalimentaire (haricots, épinards, céleris, oignons, cornichons, tomates, maïs doux, brocolis…) sont produits par des agriculteurs dans le Nord, en Bretagne, dans le Sud-Ouest, en Val de Saône et dans la basse vallée du Rhône.

LES PRINCIPAUX LÉGUMES ET LEURS RÉGIONS DE CULTURE

Les dix principales espèces potagères sont classées selon les tonnages récoltés en 2020 (Chiffres Agreste). Les régions de production sont différentes selon les espèces.

Des légumes qui font le poids

  • Tomate (726 500 t) : Bretagne (23 %), PACA (18 %), Pays de la Loire (11 %)
  • Oignon (661 000 t) : Centre (31 %), Hauts-de-France (24 %), Grand-Est (15 %)
  • Carotte (643 000 t) : Nouvelle Aquitaine (30 %), Hauts-de-France (20 %), Bretagne (13 %)
  • Salade (321 500 t) : Normandie (22 %), Pays de la Loire (20 %), PACA (18 %)
  • Melon (302 000 t) : Occitanie (43 %), PACA (20 %), Nouvelle Aquitaine (15 %)
  • Petit pois (grain) (267 700 t) : Hauts-de-France (67 %)
  • Concombre (219 000 t) : Pays de la Loire (18 %), PACA (12 %), Nouvelle Aquitaine (9 %)
  • Courgette (189 000 t) : PACA (27 %), Occitanie (24 %), Auvergne-Rhône-Alpes (9%)
  • Poireau (170 400 t) : Normandie (26 %), Pays de la Loire (13 %), Hauts-de-France (12 %)
  • Endive (chicons) (167 000 t) : Hauts-de-France (85 %)

Les choux sont cultivés par les maraîchers dans plusieurs régions spécialisées – © SEMAE / Paul Dutronc

Des légumes qui prospèrent dans différentes régions

De nombreuses autres espèces de légumes sont cultivées également : Chou-fleur essentiellement en Bretagne (86 %), Chou de Bruxelles principalement dans les Hauts-de-France (74 %), Potiron et Courge en PACA, Bretagne et Nouvelle Aquitaine,  Navet en Normandie, Hauts-de-France et Bretagne, Céleri-rave dans le Grand Est, en Bretagne et Normandie, Echalote en Bretagne (63 %), Radis en Pays de la Loire, Auvergne Rhône-Alpes et Centre Val de Loire, Haricot vert dans les Hauts-de-France, en Nouvelle Aquitaine et Centre Val de Loire, Mâche en Pays de la Loire (80 %), Artichaut en Bretagne (67 %), Betterave potagère dans le Centre Val de Loire, en Normandie et dans les Hauts-de-France, Poivron et Aubergine en Nouvelle Aquitaine et PACA, Epinard en Bretagne et Hauts-de-France.

Ainsi, certaines espèces sont emblématiques d’une région comme les artichauts, les choux-fleurs et les échalotes en Bretagne, les endives, les choux de Bruxelles et les petits pois dans le Nord-Pas-de-Calais, la mâche en Loire Atlantique, la carotte dans les Landes…

LA FILIÈRE SEMENCES POTAGÈRES

  • Un maillage d’agriculteurs-multiplicateurs spécialisés

La production de semences et plants est assurée conjointement par des entreprises de sélection et des agriculteurs spécialisés appelés agriculteurs-multiplicateurs. Les relations entre entreprises et agriculteurs sont contractualisées sur les modalités techniques et financières. L’entreprise confie à l’agriculteur les semences de base de la variété à multiplier. Les semences et plants récoltés par l’agriculteur-multiplicateur sont ensuite livrés à l’entreprise de production.

Sur le plan géographique, les régions de multiplication de semences correspondent rarement aux régions de production des mêmes espèces de légumes. En effet, pour les légumes, les parties consommées sont principalement les racines, les bulbes, les feuilles et rarement les grains (hormis le maïs grain et les petits pois). La multiplication de semences est délicate et exige des conditions de sol et de climat adaptées.

Les entreprises de production de semences et les agriculteurs-multiplicateurs sont donc implantés dans les régions les plus favorables à la multiplication de chaque espèce.

Ainsi, en France, en 2021, 2582 agriculteurs-multiplicateurs ont multiplié les variétés de 77 espèces potagères dans des conditions pédologiques et climatiques les plus favorables.

  • Les surfaces consacrées à la multiplication des différentes espèces potagères

Au total, 25 477 hectares sont consacrés à la multiplication, dont plus de 10 000 hectares pour les potagères fines (carotte, oignon, betterave potagère, laitues, radis, épinard, choux, persil…) et 13 168 hectares pour les légumes secs (pois potager, haricot, lentille…). Parmi cette grande diversité d’espèces, le pois potager (6 900 hectares) et la lentille (2 387 hectares) pour les légumes secs, l’oignon (1 582 hectares) et la carotte (1 494 hectares) pour les potagères fines, présentent les surfaces les plus importantes.

 

 

 

La multiplication de semences potagères fait vivre des petites exploitations

La multiplication de semences potagères est une production avec une forte valeur ajoutée. L’investissement dans du matériel spécifique et le savoir-faire requis pour multiplier des semences sont compensés par une rémunération visant à inciter les agriculteurs à se lancer dans cette production exigeante. Les contrats signés entre l’agriculteur et l’entreprise précisent les modalités de la rémunération en fonction du rendement grainier, mais aussi en fonction des qualités sanitaires et germinatives et de la pureté spécifique des lots de semences récoltés.

La production de semences et de plants est une activité qui permet à l’agriculteur de dégager des bénéfices même sur de petites surfaces agricoles. La multiplication de semences potagères est donc parfaitement adaptée aux exploitations agricoles de taille modeste.

  • Les entreprises semencières

Une tradition semencière dans de nombreux territoires

La famille de Vilmorin a débuté la sélection de semences dès la fin du 18e siècle. Elle a créé en France une activité dynamique de sélection et de production de semences qui prend son essor à la fin du 19e siècle.

A partir de 1960, les sociétés Clause, Tézier, Caillard, Société de Production Grainière (SPG), et plus tard Gautier Semences, se développent dans un vaste tissu de 400 sociétés de semences potagères (sélectionneurs, producteurs et courtiers en semences…) sur le territoire français : dans la vallée de la Loire (Boret, Brivain, Camus, France Graines, Giladeau, Godineau, Griffaton, Guillard, Moreau, Tournelin…), dans le Bassin Parisien et le Nord (Blondeau, Cayeux, Séminor, Simon Louis…), dans l’Est (Denaiffe, Fabre, Lafitte, Votz…), dans la vallée du Rhône (Blain, Genest, Mirabel, Rivoire-Lavergne, Ribot § Faure, Ducrettet, Gondian, Bourget Sanvoisin), dans le Sud-Ouest (Catros Gérand…).

Aujourd’hui, 92 entreprises de production de semences légumières sont toujours très actives dans les différentes régions, en relation avec un réseau d’agriculteurs-multiplicateurs spécialisés.

  • Les producteurs de plants de légumes

Les producteurs de légumes et les jardiniers amateurs utilisent de plus en plus des plants produits par des entreprises spécialisées : les producteurs de plants de légumes. En effet, la qualité des plants potagers est essentielle pour l’homogénéité et la réussite des cultures.

Deux milliards de plants potagers sont produits par an

Près de 1 500 entreprises réparties sur tout le territoire produisent près de 2 milliards de plants, dont 90% pour les professionnels maraîchers. Ces entreprises produisent des plants à partir de semences pour les laitues, chicorées, tomates, choux, poireaux, melons, pastèques, courgettes, concombres, cornichons, aubergines, piments, poivrons, artichauts, betteraves, poirées, oignons, céleris, épinards, fenouil, maïs doux.

D’autres espèces sont multipliées par voie végétative : fraisiers (plants), pomme de terre (tubercules), ail (bulbes ou caïeux), échalote (bulbes), oignons (bulbilles), asperges (griffes). Ainsi, 40 entreprises sur 1 200 hectares de multiplication produisent, principalement sous forme certifiée, des plants d’ail, d’échalote, de fraisiers ou des griffes d’asperge.

Enfin, les plants greffés sont de plus en plus adoptés, en particulier par les professionnels, en raison de leur vigueur germinative et de leur qualité sanitaire. Le greffage se pratique pour les légumes-fruits : tomate, aubergine, concombre, melon, poivron, piment.

Les plants de salades sont produits à partir de semences dans des serres – © SEMAE / Pierre Liotard

  • Une richesse de métiers et de savoir-faire

Sur l’ensemble des régions, les 2 582 agriculteurs-multiplicateurs ont développé des savoir-faire agronomiques particuliers pour la multiplication de 77 espèces potagères différentes.

Dans les entreprises semencières, les métiers sont également multiples et spécialisés : ainsi, pour la recherche variétale, les sélectionneurs travaillent en laboratoire, en plein champ, en serres et pépinières. Pour la production de semences, des techniciens sont en relation directe avec les agriculteurs-multiplicateurs pour les conseils et le suivi technique des espèces et variétés multipliées. Après la récolte, des spécialistes de laboratoire analysent et contrôlent tous les critères qualitatifs des semences. En usine, les semences sont nettoyées, triées, calibrées et conditionnées par des opérateurs qui maîtrisent parfaitement la technologie des appareils et la gestion des multiples lots de semences.

Puis, en vue de la mise en marché, des expérimentateurs testent en conditions réelles les semences des variétés multipliées. L’ingénieur Développement va tester et positionner les produits selon les différentes utilisations et marchés. Le chef Produit semences identifie et définit les besoins des utilisateurs : volumes, variétés, conditionnement, protection des semences. Le responsable Marketing étudie tous les aspects de la mise en marché, puis les responsables et techniciens commerciaux interviennent auprès des prescripteurs, des distributeurs et de certains clients.

Les entreprises de semences potagères représentaient 2 837 emplois en 2021, soit une augmentation de 18 % en 10 ans. Ceci constitue la preuve du dynamisme de cette filière des semences potagères dans nos territoires.