Ressources pédagogiques de la filière semences
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La contribution de la sélection au goût des légumes et à leurs qualités nutritionnelles

EXEMPLE D’AMÉLIORATIONS CULINAIRES ET GUSTATIVES DES LÉGUMES

Si les légumes sont essentiels à la santé, il est également nécessaire qu’ils soient faciles à cuisiner et agréables à consommer. La sélection variétale a permis des avancées importantes, en termes de facilité d’utilisation et de goût.

Voici des exemples d’amélioration :

  • des haricots verts sans fil

Autrefois, les variétés d’haricots verts étaient rapidement filandreuses et très désagréables à consommer. Les travaux sur la qualité du parchemin et du fil chez le haricot sont un exemple de réussite. Le développement d’une industrie du haricot de qualité s’est appuyé sur le haricot vert filet récolté manuellement avant que le fil n’apparaisse. Ainsi, dès 1980, les sélectionneurs français ont amélioré le haricot mangetout par la finesse et la rectitude de la gousse. Ils ont également adapté l’architecture de la plante et sa floraison pour une récolte mécanique homogène et au meilleur stade.

Les nouvelles variétés sont appelées « haricot filet sans fil ». Toutefois, si l’absence de fils est importante, la qualité des haricots verts reste liée directement à la date de récolte et à la fraicheur des gousses.

Grâce à la sélection, les nouvelles variétés de haricots sont sans fil – © iStock / Frederique Wacquier

  • des petits pois extra-fins

Les pois à petits grains (ou petits pois) sont savoureux s’ils sont tendres. Les sélectionneurs ont ainsi beaucoup travaillé sur la « tendreté » des petits pois pour maintenir une production industrielle de qualité. A partir de 1980, de nouvelles variétés créées ont permis de produire plus de 50% de grains « extra-fins ».

  • des tomates qui ont du goût

Aujourd’hui, la tomate est l’un des légumes-fruits les plus populaires au monde. L’amélioration variétale a permis d’améliorer et de diversifier l’apparence externe des fruits (forme, couleur, calibre, homogénéité) pour répondre à la demande commerciale. La résistance à l’éclatement des fruits et la durée de conservation sont également des axes d’amélioration. Mais l’augmentation de la durée de conservation peut être un facteur de dépréciation de la qualité gustative. Aujourd’hui, les consommateurs se préoccupent davantage du goût des tomates qu’ils achètent dans le commerce, c’est pourquoi la qualité gustative est devenue un enjeu primordial pour les sélectionneurs. C’est un enjeu important mais complexe car il englobe de multiples critères : saveurs, arômes, texture…

  • Les arômes du melon

Il existe différents types de melons cultivés dans le monde. C’est le melon de type « charentais » qui est typiquement français. Il est très apprécié pour ses qualités gustatives : texture de la chair, teneur en sucres et arômes. L’évolution des variétés de type charentais a abouti à une chair plus ferme et moins juteuse, ce qui favorise la durée de conservation après récolte.

La teneur en sucres est l’un des éléments les plus appréciés des consommateurs pour les variétés de melon. Les arômes ont également un rôle prépondérant dans leur qualité gustative. Les arômes caractéristiques du melon résultent d’un équilibre entre des composés aromatiques appartenant à différentes familles chimiques (composés soufrés, aldéhydes…). L’augmentation de la durée de conservation après récolte a conduit à la création des types « charentais non jaunissant » dont l’écorce ne jaunit pas et dont la richesse aromatique est moindre. Aujourd’hui, les variétés les plus cultivées sont plus fermes, moins juteuses, régulièrement sucrées et possèdent un arôme typique tout en se conservant plus longtemps.

Le melon fait l’objet d’importants travaux de sélection pour améliorer son goût et sa conservation – © SEMAE / Laurent Muratet

  • Les améliorations pour d’autres espèces

Les travaux sur l’amélioration gustative concernent de nombreuses espèces. Chez le concombre, la laitue, la chicorée endive et l’aubergine, des programmes de sélection ont pour objectif la diminution de l’amertume.

Les sélectionneurs ont également créé des variétés de carotte au cœur tendre, des courgettes plus savoureuses, des poireaux moins filandreux.

L’ALIMENTATION SANTÉ ET LES LÉGUMES

Se nourrir sainement est devenu prioritaire pour les Français, même si l’alimentation plaisir est toujours importante. Les crises sanitaires liées à l’alimentation ont entraîné une défiance des consommateurs vis-à-vis des produits qu’ils consomment. Les peurs alimentaires se sont aggravées avec l’éloignement entre les consommateurs et l’origine des produits agricoles.

Les recommandations de l’OMS

L’évolution des modes de vie change les habitudes alimentaires. Le développement des aliments transformés, l’urbanisation, la restauration rapide et individuelle… entraînent une consommation croissante d’aliments très caloriques, riches en graisses, en sucres simples et en sel, qui présentent des risques pour la santé.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit une alimentation saine comme étant diversifiée, constituée de fruits et de légumes, légumineuses, de céréales complètes, de noix, et avec peu de composés à risques pour la santé (sucres simples, sel et matières grasses). Ces principes de base concernent toutes les personnes, quels que soient leur âge, leur sexe, leur mode de vie, le contexte culturel et alimentaire et les aliments disponibles.

Une consommation régulière de fruits et de légumes contribue à réduire les risques de maladies coronariennes, d’infarctus du myocarde, d’hypertension artérielle, d’AVC, de diabète et de différents cancers et maladies non transmissibles. Cependant, la consommation de fruits et de légumes en Europe est encore inférieure à ces recommandations internationales.

Exemple d’alimentation équilibrée : le régime méditerranéen – © iStock / Aamulya


Manger 5 fruits et légumes par jour 

En France, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) recommande de « Manger 5 fruits et légumes par jour ». Toutefois, les questions restent nombreuses : « S’agit-il de 5 fruits et légumes entiers ? », « Faut-il manger 5 fruits et légumes différents ? », « Est-ce que les soupes, les jus, les compotes, les yaourts aux fruits peuvent être pris en compte ? »

En fait, tous les fruits et légumes ne sont pas équivalents en quantité et en qualité. Au quotidien, il s’agit donc de portions de fruits et de légumes équivalentes de 80 à 100g. Une portion correspond à la taille d’un poing. Il est possible naturellement de consommer trois portions de légumes et deux de fruits. L’idéal est d’intégrer ces fruits et légumes à chacun des repas et de varier le plus possible les produits.

A découvrir : les qualités nutritionnelles des légumes

25 experts de l’Académie d’agriculture de France ont édité un livre intitulé « Le Grand livre de notre Alimentation » (Editions Odile Jacob) dans lequel ils énumèrent la liste « impressionnante » des composés intéressants au plan nutritionnel des fruits et légumes :

– des fibres, qui participent au bon fonctionnement intestinal et qui exercent une action protectrice vis-à-vis des cancers colorectaux, ainsi que des facteurs de risque cardio-vasculaires, tout en ayant un pouvoir de rassasiement,

– des vitamines (C et E) et des composés doués de propriétés anti-oxydantes (caroténoïdes, polyphénols) qui diminuent les risques des affections évoquées ci-dessus,

– l’eau, composé majoritaire (de 70% à 95% en poids), qui fait de ces aliments des produits peu caloriques (15 à 50 Kcal selon les espèces, pour 100 grammes).

Les fruits et légumes sont donc des produits à forte densité nutritionnelle (peu de calories pour de nombreux nutriments).

Les légumes, des aliments santé naturels

Consommer des légumes est bon pour la santé – © iStock / Tempusfugit

La plupart des légumes possèdent des propriétés naturelles favorables à notre santé. En voici quelques exemples :

– L’oignon : il est diurétique et anti-infectieux. Il possède des antioxydants qui lui donnent sa couleur. Ainsi, les variétés d’oignons rouges contiennent beaucoup plus d’antioxydants que les variétés jaunes et blanches.

– Le radis : la couleur du radis est due à des pigments rouges ou pourpres, les anthocyanes. Ces pigments renforcent dans l’organisme l’action de la vitamine C. Les composés soufrés du radis sont responsables de sa saveur piquante très caractéristique. Ces substances stimulent les secrétions digestives et l’appétit.

– La betterave : comme la plupart des légumes racines, la betterave est très pauvre en lipides, contient quelques protéines et surtout des glucides. Si la betterave est riche en vitamine B9, sa feuille bouillie est une excellente source de vitamines A et K. Riche en fibres et bien pourvue en bêta-carotène aux vertus laxatives, elle facilite le transit intestinal.

– Le chou : le chou regroupe une grande diversité : chou-fleur, chou brocolis, chou cabus, chou de Bruxelles, chou chinois, chou rouge, chou frisé, chou rave, chou kale, chou romanesco. Ils sont tous riches en vitamine B9 et en vitamine C. 200 grammes de chou répondent à nos besoins quotidiens en vitamine C. Ils apportent également des minéraux et des quantités intéressantes en potassium et en phosphore. Comme la plupart des crucifères, les choux contiennent des glucosinolates qui possèdent des propriétés antibactériennes, antifongiques et antioxydantes.


Les semenciers renforcent les propriétés santé des légumes

Les sélectionneurs développent des recherches pour améliorer la teneur des espèces de légumes en composants favorables à la santé humaine : augmentation du taux de  glucosinolates chez le chou brocoli, en provitamines, vitamine C, flavonoïdes et caroténoïdes chez le pigment, en provitamine A, vitamine C, bêtacarotène et lycopène chez la tomate et la carotte.

Exemple des nouvelles variétés de carotte : Entreprises depuis plusieurs années, les recherches ont permis de caractériser plusieurs variétés (blanches, roses, jaunes, pourpres) et de mieux connaître leurs composés : les pigments et d’autres facteurs de qualité comme l’apport en minéraux, la teneur en sucres ou encore la capacité antioxydante.

A partir de ces connaissances, les sélectionneurs peuvent créer de nouvelles variétés de carottes qui valorisent des caractères pour la santé : provitamine A ou carotène pour stimuler les mécanismes d’immunité, lutter contre les radicaux libres ou prévenir les maladies cardio-vasculaires.

FOCUS : L’évolution actuelle de la consommation vers les protéines végétales

La consommation de légumes secs est une alternative aux protéines animales – © SEMAE / Paul Dutronc

En France, la consommation de légumes secs (lentilles, haricots, fèves, pois chiche…) a été divisée par 4 en 20 ans, pour descendre à 1,7 kg/ personne/an (contre 3,9 kg en moyenne européenne).

 

Une transition nutritionnelle

Aujourd’hui, une nouvelle phase de transition nutritionnelle est en cours. En France, mais également aux USA, en Angleterre, en Allemagne…, on assiste à une baisse de consommation de viande rouge (liée à des préoccupations sur la santé, l’environnement, la condition animale, l’éloignement du monde agricole, le vieillissement de la population, les recommandations de santé publique…). Ainsi, en 2015, 23 % des adultes en France déclaraient avoir limité leur consommation de viande. Parallèlement, on assiste à un regain d’intérêt des consommateurs pour les plantes riches en protéines végétales.

En effet, les protéines végétales répondent à la demande sociétale, tournée de plus en plus vers une consommation de produits locaux et de qualité.

La stratégie nationale « protéines végétales »

  • La stratégie nationale « protéines végétales » mise en place par la France fin 2020 poursuit plusieurs objectifs : lutter contre la déforestation causée par l’importation de certains produits agricoles (soja…), apporter des réponses aux enjeux climatiques (les légumineuses fixent l’azote de l’air pour la croissance des plantes, ce qui réduit l’utilisation d’engrais azotés), améliorer l’autonomie alimentaire des élevages, développer une offre de produits locaux en légumes secs.
  • La relance de la consommation de légumes secs.

Suite aux recommandations du Programme National Nutrition Santé, des campagnes de promotion encourageant l’augmentation de la part de protéines végétales devraient être réalisées, en particulier en direction des enfants. Dans le Plan « France relance », les mesures « Projets alimentaires territoriaux » et « cantine scolaire » ont pour objectif de faciliter l’intégration des légumineuses dans les repas et les circuits courts, sans oublier la formation des cuisiniers de la restauration collective dans l’utilisation des légumineuses.

La stratégie « protéines végétales » en quelques lignes

  • Actuellement, près d’un million d’hectares sont semés avec des espèces riches en protéines végétales (soja, pois, légumes secs, luzerne, légumineuses fourragères…).
  • En 2030, l’objectif est de doubler les surfaces pour atteindre 2 millions d’hectares.

A savoir : Comment bien utiliser les légumes secs dans son alimentation ?

Il est recommandé par les nutritionnistes d’associer dans son régime alimentaire les céréales (blé, riz, maïs) avec les légumes secs ou graines de légumineuses (pois, haricots, lentilles, pois chiche, fèves…). En effet, la teneur et la qualité de leurs protéines sont complémentaires, en particulier pour les acides aminés essentiels non synthétisés par l’organisme. Les céréales sont en partie déficitaires en lysine et aussi en leucine, valine ou thréonine dans le blé et le riz, et en tryptophane dans le maïs. En revanche, les graines de légumineuses sont toujours riches en lysine, mais relativement pauvres en méthionine.

Toutefois, les légumineuses contiennent des protéines considérées comme de véritables facteurs antinutritionnels. Heureusement, ces molécules sont thermosensibles et inactivées par la chaleur, d’où la nécessité de bien cuire les légumineuses avant consommation.

La présence d’oligosaccharides non digestibles dans les graines de légumineuses peut être considérée comme un atout : ils jouent un rôle bénéfique au niveau de la flore intestinale.

Les graines de légumineuses sont aussi de bonnes sources de minéraux (fer), de vitamines et de fibres, qui viennent en complément des céréales. L’effet de complémentarité est optimal lorsque l’ingestion de céréales et de légumes secs a lieu au cours d’un même repas.