Ressources pédagogiques de la filière semences
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La culture du colza d’hiver

LES INTÉRÊTS AGRONOMIQUES

Le colza est un atout pour diversifier la rotation – © SEMAE

Le colza est un atout pour diversifier la rotation – © SEMAE

La culture du colza d’hiver permet de diversifier la rotation et constitue un excellent précédent.

Un blé cultivé derrière un colza bénéficie des restitutions d’éléments fertilisants. – © SEMAE / Christophe Watremez

Un blé cultivé derrière un colza bénéficie des restitutions d’éléments fertilisants. – © SEMAE / Christophe Watremez

Le colza stimule le rendement du blé qui suit

Le colza restitue des éléments fertilisants après récolte (azote, potasse, soufre) favorable à la culture suivante. Les expérimentations ont mis en évidence un gain de rendement moyen de 10% en blé tendre derrière colza, comparé à une monoculture de blé souvent affectée par le piétin échaudage.

Le blé de colza est moins cher à produire qu’un blé de blé
Autre avantage, la pression parasitaire est plus faible, la flore adventice est mieux maîtrisée, le sol plus meuble nécessite moins de préparation pour semer la culture suivante. Tout cela se traduit par une baisse des charges mécaniques et des coûts de produits phytosanitaires et fertilisants.

Le colza valorise les effluents d’élevage
A condition d’être semé tôt, le colza est capable d’absorber des quantités importantes d’azote (50 à 150 kg selon le type de sol) pendant l’automne et l’hiver, à une période où les sols sont les plus exposés aux pertes de nitrates par lixiviation.

Le colza protège le sol

Culture d’hiver couvrant le sol 9 à 11 mois sur 12, notamment à l’automne, le colza réduit le risque d’érosion durant cette période plus sensible.

Le colza rompt le cycle des maladies des céréales
Le piétin verse, les fusarioses et le piétin échaudage sont largement favorisés par les rotations céréalières courtes. Les effets bénéfiques du colza dans les rotations céréalières s’expliquent par le seul effet de « coupure ». De plus, la décomposition des résidus de culture du colza, riches en glucosinolates, entraîne la production de composés toxiques pouvant inhiber des champignons conservés dans le sol.

Un risque mycotoxines maîtrisé pour le blé suivant

Les références sur le risque mycotoxines en céréales montrent que le colza est l’un des précédents avec le pois qui permet le mieux de s’affranchir du risque DON et, ce, quelles que soient les pratiques culturales.

L’alternance des cultures aide à lutter contre les adventices – © SEMAE / Studio 77

L’alternance des cultures aide à lutter contre les adventices – © SEMAE / Studio 77

Alterner les cultures facilite le désherbage

L’alternance des cultures dans la rotation permet de casser le cycle des mauvaises herbes et de recourir à différents moyens de contrôle. En effet, la succession de cultures de printemps ou de cultures d’hiver ou encore de cultures d’une même famille favorise les adventices dont le cycle coïncide avec ces cultures ou qui appartiennent à la même classe. Par exemple, les panics, sétaires et digitaires accompagnent les maïs, tandis que les ray-grass et vulpins lèvent en même temps que le blé.
Culture de fin d’été, le colza freine ainsi la reproduction des flores adventices automnales ou printanières. En occupant le sol de septembre à juin, il limite le développement des mauvaises herbes annuelles , dès lors que le désherbage d’automne est satisfaisant.

LES PRATIQUES CULTURALES

La période de semis du colza s’étend du 1er août au 10 septembre – © SEMAE / Sébastien Champion

La période de semis du colza s’étend du 1er août au 10 septembre – © SEMAE / Sébastien Champion

En culture :
Le semis du colza d’hiver est réalisé entre le 1er août et le 10 septembre en fonction du type de sol et de la zone géographique. Une protection contre les limaces et les insectes d’automne (grosses altises, charançon du bourgeon terminal) peut s’envisager en cas de forte pression. La lutte contre ces bioagresseurs consiste à obtenir un colza robuste, c’est-à dire avec une bonne vigueur au démarrage, une croissance continue et un développement rapide de biomasse.

Le colza a un besoin unitaire d’azote de 7kg absorbé par quintal de grain produit. Les apports organiques s’effectuent avant le semis. La fertilisation azotée s’ajuste au printemps pour couvrir les besoins de la plante. La culture est exigeante en phosphore. Mieux vaut apporter la nutrition phosphatée au semis.

Au printemps, la lutte contre le charançon de la tige du colza, le charançon des siliques, les méligèthes et les pucerons cendrés se raisonne en fonction du risque de dégâts.

La protection contre les maladies concerne essentiellement le sclérotinia en début de floraison.

La floraison du colza a lieu le plus souvent entre le 15 mars et le 15 mai – © Pixabay / Karl Egger

La floraison du colza a lieu le plus souvent entre le 15 mars et le 15 mai – © Pixabay / Karl Egger

Récolte :
Le colza est récolté quand les siliques sont mûres, les graines sèches (9% d’humidité) et les pailles peu humides, soit autour de fin juin/début juillet.

Pour en savoir plus sur l’itinéraire technique du colza d’hiver, consultez le guide technique colza sur le site de Terres Inovia.

La récolte du colza intervient quand l’humidité des graines atteint 9% – © SEMAE

La récolte du colza intervient quand l’humidité des graines atteint 9% – © SEMAE

L'APPORT DU PROGRÈS GÉNÉTIQUE

La moissonneuse batteuse sillonne la parcelle de colza – © SEMAE / Sébastien Champion

La moissonneuse batteuse sillonne la parcelle de colza – © SEMAE / Sébastien Champion

L’amélioration de la production

La sélection génétique a été primordiale pour améliorer le rendement du colza et assurer la régularité des niveaux atteints afin de maintenir son attrait pour les agriculteurs. Depuis 50 ans, les rendements enregistrés dans les essais CTPS ont progressé en moyenne de 0,75q/ha/an, soit plus de 2% par an.

  • L’obtention de variétés hybrides
    Une des voies d’amélioration a été l’obtention de variétés hybrides. Plusieurs systèmes de stérilité mâle permettant d’obtenir des variétés hybrides ont été mis au point, parmi lesquels le système Ogu-INRA, le plus utilisé en France et dans le monde. Cette technique de stérilité mâle cytoplasmique CMS (de l’anglais « cytoplasmic male sterility ») et de restauration de la fertilité au niveau de l’hybride est à l’origine de la création de nombreuses variétés hybrides. Le premier hybride à la fertilité restaurée, nommé Lutin, a été inscrit en France en 1999. La production d’hybrides s’est généralisée à partir du milieu des années 2000. Ce type variétal a apporté un réel gain de rendement grâce à l’effet hétérosis. En attendant que la recherche trouve une solution aux problèmes de restauration de la fertilité, des associations variétales ont été mises sur le marché. Nommés CHL (composite hybride lignée) et CHH (composite hybride hybride), ce sont des mélanges de semences en usine. Synergy, première association de 80% d’hybride mâle stérile et de 20% d’une lignée pollinisatrice, a vu le jour en 1994. Utilisés au plus fort de leur développement autour des années 2000, CHH et CHL ont ensuite régressé pour complètement disparaître de nos jours. Leur fonctionnement en allogamie complète a montré des limites, en particulier lors des printemps froids de 1995 et 1997.
    La deuxième voie est de sélectionner des variétés résistantes aux stress abiotiques (thermique, hydrique) et biotiques (maladies, ravageurs).
  • La lutte contre les maladies
    Dans ce domaine, les progrès génétiques ont été particulièrement importants pour lutter contre la principale maladie du colza, le phoma, due au champignon Leptosphaeria maculans. La première source de résistance a été identifiée dans les années 1960 et a abouti en 1970 à l’inscription de la variété Ramsès. Dans les années 2000, le niveau moyen de résistance des variétés au phoma a considérablement progressé. Aujourd’hui, plus des trois quarts des variétés commercialisées sont de type très peu sensible (TPS).Autre maladie d’importance, la cylindrosporiose, favorisée par des hivers humides. Grâce à la sélection, plus de 40 % des variétés commercialisées y sont peu ou très peu sensibles.
    L’amélioration génétique a été également notable en ce qui concerne la résistance à la hernie des crucifères et a abouti à la création de l’hybride Mendel. Peu présente en France, cette maladie est une préoccupation pour les pays d’Europe de l’Est et fait l’objet de travaux chez les sélectionneurs.
    Pour ce qui est du sclérotinia, les programmes de sélection classique de variétés résistantes, redémarrés dans les années 2000, sont sur le point de porter leurs fruits. L’enjeu est de supprimer les traitements fongicides à la floraison. De telles variétés devraient rapidement voir le jour.
    Le verticillium, maladie essentiellement présente dans le nord de l’Europe, et l’orobranche, plante parasite non chlorophyllienne présente en Poitou-Charente, font également l’objet d’efforts de sélection significatifs.
  • Plusieurs axes de sélection
    Au fil des années, d’autres critères se sont ajoutés aux objectifs classiques de sélection, comme la résistance à la verse. Des hybrides demi-nains, très résistants à la verse, ont été créés mais ils n’ont pas trouvé leur public en France, alors qu’ils se sont développés en Europe de l’Est car ils s’avéraient également résistants au froid.Les axes de travail en sélection sont nombreux pour gagner en productivité : optimiser l’effet hétérosis du matériel hybride, élargir la variabilité génétique, améliorer l’efficience des métabolismes de croissance et de développement des plantes, réduire l’égrainage qui conduit à des pertes de récolte, augmenter la résistance aux charançons du bourgeon terminal et grosses altises à travers la vigueur de départ et aux méligèthes grâce aux composés organiques volatils, optimiser l’efficience de la nutrition azotée. La production de colza doit aussi s’opérer en limitant son impact environnemental sur les sols, l’eau et l’émission de gaz à effet de serre, tout en améliorant son bilan énergétique et en réduisant le recours aux produits phytopharmaceutiques de synthèse et aux engrais azotés. Pour répondre à ces défis, la génétique apparaît comme un levier de premier plan.

L’amélioration de la qualité de l’huile

L’histoire de la sélection du colza a été marquée par l’arrivée des variétés sans acide érucique au début des années 70 puis, au milieu des années 80, par la mise sur le marché de variétés à la fois sans acide érucique et à basse teneur des graines en glucosinolates. Cette norme de qualité dite « 00 » est toujours celle en vigueur aujourd’hui.

Sous l’impulsion d’une recherche d’autonomie protéique dans les élevages français (Plan protéines), la sélection travaille sur l’amélioration de la qualité et de la teneur en protéines des variétés de colza.

Le progrès génétique a également porté sur la diversification des profils d’acides gras des graines, avec l’obtention de variétés riches en acide érucique, en acide oléique, en acide stéarique ou à faible teneur en acide linolénique.